Page 6 - flipbook juin 2020
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La passion moto: au pays des Soviets…
Un pari entre potes : rallier Lyon à Oulan-Bator avec deux sporsters…
Après avoir traversé le sud-est de l’Europe, la Turquie et la
Géorgie, Patrice (Houël) et moi arrivons en République du
Caucase, en Ossétie du Nord. Nous sommes le 29 avril 2017, et c’est notre
2e jour en Russie. En raison des fortes tensions politiques et
religieuses (tchétchènes etc…) les contrôles policiers et militaires sont
nombreux ; nous décidons de n’emprunter que les routes
secondaires (très secondaires), assimilables chez nous à du gymkhana…
Un bruit de pignons sonne à mes oreilles alors que nous passons
par un petit village (plus petit que ça). Plus de motricité ; je suis obligé de
m’arrêter. Un attroupement, suivi de peu par l’arrivée de policiers
russes (alertés par ?), nous conduit à nous réfugier chez un couple Sasha
et Vera, non sans avoir signé au préalable de nombreux
autographes. Lorsqu’elle s’aperçoit que je me prénomme Alain, une
habitante me dit « comme Alain Delon ? »… Je dis oui et signe du coup
tous mes autographes d’un joli « Alain Delon ».
Le couple nous offre immédiatement l’hospitalité : repas,
couchage. Ils n’ont rien, mais ils partagent tout. Ils le feront durant 5 jours
pour moi ! Nous communiquons comme nous pouvons à l’aide d’un
lexique franco-russe, ou en dessinant à la craie sur le sol de la cour.
Dès le lendemain, nous nous rendons compte que le rapatriement
de ma moto ne se fera pas sans mal. Nous décidons que Patrice ralliera
seul Moscou à 1 700 km de là et m’y attendra. J’entame un séjour long
chez Sasha et Vera, qui ne savent pas comment me faire plaisir. À chaque
cadeau que je veux leur faire, ils m’en font un à leur tour. J’irai donc un
jour avec Sasha faire des emplettes à Alexandrovskaya, la ville voisine, afin
de les remercier (parfum et gourmandises).
Les journées sont rythmées par un lever matinal, avec un café
arménien moulu par Vera. Puis, vers 8 h, il faut passer à table pour le vrai
petit déj : saucisses de poulet, choux farcis, crème fraîche, saucissons,
fromage, beurre et confiture, le tout fait maison et arrosé de jus de fruit,
café ou thé. Entretemps, je m’occupe en classant mes films, en regardant
un peu la télé (Incroyable Talent ou des films, le tout en russe, bien sûr). Je
donne même un coup de main à Sasha au jardin (motoculteur et binette).
Je fais la curiosité du voisinage et les copines de Vera viennent régulièrement boire le café. Je fais un peu de
mécanique avec mon hôte sur sa Lada. Il me fait également visiter son village et me fait goûter à l’eau d’une source avec le
mug du LCF que je lui ai offert. Il me montre le monument aux morts où figurent les noms de ses aïeuls (il est très fier
et ému).
Le 3e jour, Sasha m’emmène avec son cousin Sergeï, à la pêche. Je vois arriver à fond les ballons une Lada vieille
d’au moins 40 ans. Nous roulons à 90, 100 km/h sur les pistes, les cailloux tapent partout sous la caisse et je me tiens
comme je peux à la poignée haute, tellement on est secoué. Arrivé à un étang, en constatant le faible niveau d’eau, le
« Vatanen des steppes », nous fait repartir pour un autre étang. Après une pêche miraculeuse (1 seul poisson à 3), Sergeï,
cette fois-ci nous emmène chercher chercher de l’essence, à 140 km/h au milieu des nids de poule !
Le soir, je décide que si je n’ai pas de nouvelles de l’assistance demain, je fais péter… Je suis ici depuis déjà 4 jours,
Patrice est bien arrivé à Moscou et il attend mon arrivée. Mes hôtes sont adorables, mais je ne peux quand même pas
abuser davantage d’eux !!!
Le lendemain donc, je suis réveillé avant mes hôtes, préoccupé par mes problèmes de rapatriement de la moto
pour Moscou et j’attends péniblement une heure correcte pour appeler une ixième fois l’assistance. Ça y est, j’ai la
promesse de l’arrivée du transporteur entre 15 et 16 h ; nous sommes le 4 mai 2017 ! Je n’y crois qu’à moitié, mais je me
prépare. À 15 h, le camion est effectivement là. Je suis soulagé et ému à la fois de quitter Sasha et Vera. Eux le sont aussi,
je le vois bien. Vera m’a préparé un sac de victuailles pour le voyage et m’offre même une paire de chaussons pour que je
sois plus à l’aise dans le camion.
Il faut dire que le trajet va durer 28 heures, à côté d’un monsieur muscle de 30 ans, Genia, dont la conduite n’est
pas rassurante : téléphone à l’oreille et un pied sur le tableau de bord. Je ne vais pas fermer l’œil de tout le voyage,
interrompu uniquement par des arrêts essence. Nous n’arrivons qu’à 21 h le lendemain chez HD Moscou, qui attendait
mon arrivée ; je retrouve Patrice et la langue française. Malgré mon réveil matinal la veille (presque 40 heures sans
dormir), nous passons la soirée au Hard Rock de Moscou à nous raconter nos journées passées séparément. Ça fait du
bien…
Nous croisons les doigts pour la suite des évènements, mais là, c’est une autre histoire...
PS : finalement, ma moto n’étant pas réparable tout de suite, nous avons décidé de remettre notre voyage vers la
Mongolie à 2018.
Nota : depuis, grâce à Oksana Frandon, j’ai pu communiquer avec Sasha par téléphone et par SMS…
Léon