Page 8 - link juillet 2020
P. 8
La passion moto: RGA Express
Cela doit être lié aux héros de mon enfance : les cavaliers
du Pony Express, St Exupéry… J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour
ces aventuriers qui couvraient des distances incroyables en un minimum de
temps, parfois au péril de leur vie…
Un article de Road Trip Magazine en août 2018 m’avait mis l’eau à la
bouche : 700 km en 3 à 4 jours de Thonon-les-Bains à Menton, 18
cols. L’année dernière, j’avais été impressionné par la performance de
Bernard Schöndorf et ses copains niçois qui l’avaient faite en 16 heures.
Il me fallait alors trouver le créneau : forcément en juin où les
journées sont les plus longues, si possible pas un week-end (pour qu’il y ait
moins de monde sur la route), pouvoir se libérer du boulot, avec une météo
acceptable et tous les cols ouverts. Cinq jours avant, c’était décidé, ce serait
le vendredi 19 juin. Pneus neufs, plaquettes neuves, préparation d’un road-
book sur Mototrip d’après la carte Ign officielle… Pas de bagage. La tenue
de pluie et une petite trousse à outils.
Départ de Lyon à 3 h 45. Ça commençait mal : périph nord fermé, A
40 fermée à Bourg-en-Bresse. Un peu moins de 3 heures de route pour
arriver à la fameuse plaque qui marque le km 0 de la RGA sur la place de
l’Hôtel de Ville de Thonon. Départ un peu avant 7 heures avec le lever du
soleil et puis, la joie d’être enfin sur cette route mythique dont le tracé date
de 1911. Joie tempérée par une route détrempée… attention ça
glisse ! Impossible d’attaquer très fort. Mais les cols s’enchaînent en Haute-
Savoie et en Savoie : les Gets, la Colombière, les Aravis, les Saisies. La route devient sèche
au Cormet de Roselend. Puis ce sera la Vanoise avec l’Iseran (2770 m), la Madeleine, le Télégraphe, puis
les Ecrins avec le Galibier, le Lautaret… À partir de l’Izoard, on plonge dans le Queyras, avec une ambiance bien
plus méridionale. Col de Vars, puis on entre dans le Mercantour, avec les Gorges du Bachelard où la route
comporte une multitude de petits ponts au-dessus d’un torrent bouillonnant. Puis vient le col de
la Cayolle, redoutable, car la route est longue pour y monter et en descendre, étroite et irrégulière. On ne voit
rien de ce qui arrive en face et j’y croiserai un convoi de voitures de sport maquillées façon
« prototype ». Suivent les cols de Valberg, Ste Anne, puis la Couillole. On arrive enfin au Turini. Il reste 75 km, je
me dis que c’est bientôt fini… Mais que la descente du Turini est longue… et technique, la fatigue se ressent. Col
de Castillon, puis j’arrive à Menton en pleine effervescence du début de soirée. Passage obligé par la
promenade, puis direction Nice par la grande corniche qui permet de passer le dernier col, le col d’Eze. Fin du
parcours devant le Négresco vers 21 heures. Il paraît qu’une plaque matérialise le point final, mais je n’ai pas eu
le courage de la chercher ! J’ai pu enfin poser la moto quelques minutes et avaler le sandwich que je n’avais pas
eu le temps de manger pendant le parcours. Retour sur Lyon avec le coucher du soleil et un
long glide autoroutier pour pouvoir être dans mon lit à 2 heures du matin.
Il m’aura fallu 14 heures pour venir à bout de la RGA, mais quel bonheur, quelle intensité ! Avis aux
candidats : c’est très physique !! Nos motos sont lourdes et il est impératif de rouler sur un rythme rapide et
régulier. Les pauses sont très courtes. Il serait dangereux de se trouver dans les derniers cols à la nuit tombée,
épuisé par la journée de route.
Stéphane Tilhet-Coartet.